Explorer le monde à pied, durant un voyage de 6 mois en mode nomade, en reliant en auto-stop Hô Chi Minh à la France.
C’est le défi un peu fou que ce sont lancés Antoine et Arnaud avec leurs projet “NO made”. Rencontre digitale avec deux aventuriers partis à la rencontre des nomades d’Europe et d’Asie, des communautés kirghizs des montagnes d’Asie centrale jusqu’aux digital nomades des capitales européennes. No made est un projet ambitieux avec lequel nous avons tout de suite adhéré, ils sont bien evidement partis avec une tente Qaou sur le dos.

Voyage de 6 mois - 15 000kms - 20 pays
Qui se cache derrière le projet NO made ?
Antoine : Je m’appelle Antoine, j’ai bientôt 25 ans. Je suis né à Saint-Etienne. Je suis étudiant en Master à KEDGE BS Marseille. J’aime énormément la montagne. Je dois ça à mes parents, qui depuis tout petit, m’emmènent ramasser des champignons et marcher les dimanches bien que je détestais ça à l’époque. Je n’aime pas trop visiter les musées mais préfère découvrir les quartiers, je suis quelqu’un qui a besoin de planifier les choses et j’ai la tête sur les épaules.
Dans le binôme, je suis celui qui est le plus raisonnable et planifie les itinéraires.
Arnaud : Moi c’est Arnaud, j’ai 22 ans, originaire de Villefranche-sur-Saône, dans le Beaujolais, à côté de Lyon. Je suis également à KEDGE BS; c’est d’ailleurs à l’école que j’ai rencontré Antoine. Passionné de musique, d’aventures et d’histoires entrepreneuriales : j’aime les personnes inspirantes, celles qui osent, sont ambitieuses et qui prennent des risques.
Dans le binôme, je suis celui qui fonce et aime prendre des risques.
Pouvez-vous nous expliquer le concept NO made ?
NO made est un projet étudiant que nous menons pendant notre année de césure dans le cadre de nos études.
Après être partis en trip en Pologne et avoir été l’un des binômes lauréats d’une course d’auto-stop dans la Région Sud, nous voulions partir ensemble afin de rechercher des sensations et des expériences que nous n’aurions pas pu vivre ailleurs. Nous étions également très curieux du phénomène du nomadisme, avec entre autre les digital-nomads, qui se multiplient aux quatre coins du globe. Nous voulions comprendre pourquoi et comment des personnes refusent d’être sédentaires.
L’idée du projet est de rencontrer les nomades, d’obtenir des témoignages. On voulait être également cohérents sur la forme qu’allait prendre notre itinéraire. On a donc décidé d’être nous aussi nomades dans nos déplacements et de faire Hô Chi Minh – Lyon en auto-stop pendant 6 mois. De cette façon, nous pourrons comprendre ce que c’est réellement d’être nomade.
Est-ce que vous vous définiriez comme digital nomad ?
Antoine : Pour l’instant pas du tout. Je sais que cette expérience va me changer, j’aurais peut-être un discours différent à mon retour.
Arnaud : Comme Antoine, je suis curieux de ce phénomène et de ces choix de vie que je respecte mais je ne me vois pas forcément nomade plus tard.
Un voyage de 6 mois en auto-stop du Vietnam à la France c’est un sacré défi ! Quelles ont été vos craintes avant de partir ?
Un peu de stress effectivement mais beaucoup d’excitation. La première question que nous nous sommes posée était de savoir si cet itinéraire durant un voyage de 6 mois était faisable. Le climat, la météo, les maladies ou encore la pratique de l’auto-stop dans certains pays étaient autant de questions qui nous hantaient quelques semaines, quelques jours avant le départ.
Nous nous sommes énormément renseignés afin de répondre à toutes ces interrogations et de rassurer nos proches. Finalement, le meilleur moyen de savoir si on est prêt à partir dans ce genre d’aventure est de pouvoir répondre à toutes les questions possibles et inimaginables qu’on puisse vous poser.
On avait aussi la crainte de l’entente et de la solidité du binôme. Sommes-nous assez forts et fraternels pour nous supporter pendant 6 mois quasiment H24 ? Avons-nous les mêmes envies et les mêmes motivations pour ce genre d’aventure ?
Bon, rassurez-vous, nous en sommes persuadés et ces deux premières semaines ont donné un ton optimiste pour celles qui arrivent.
Vous êtes partis depuis deux semaines maintenant, ça va ? Pas de crampes au pouce ? Comment se passent les débuts ? Déjà de belles rencontres ?
Ahah, nos pouces se portent bien merci !
Les débuts au Vietnam étaient chaotiques : très peu de voiture, l’anglais n’est pas très répandu dans certaines régions, la pratique de l’auto-top étonne les habitants. On a mis quasiment deux jours pour sortir d’Hô Chi Minh et de sa périphérie… un enfer. Puis on a trouvé notre rythme. On a une certaine routine finalement. On se lève à 7H30, on est prêt à 8H puis on marche environ 30 – 40 minutes afin de rejoindre notre route principale. A 12h30 on doit être à notre première étape de la journée puis avant 15h à l’étape finale de la journée, celle où on profite de notre après-midi et où on dort.
Nous avons également défini des règles pour l’auto-stop : pas de deux-roues, pas d’auto-stop la nuit, toujours quelqu’un dans la voiture pour garder les sacs, etc.
Finalement ça fonctionne plutôt bien : 1 500 km en 2 semaines. Sachant que la vitesse moyenne au Vietnam est de 50 km, c’est plutôt bien.
Nous avons également fait de magnifiques rencontres. Les Vietnamiens sont accueillants, généreux et bienveillants. Ils sont aussi très curieux et sont enthousiastes à l’idée de nous aider dans notre projet.
Vous avez des conseils à proposer aux personnes qui aimeraient se lancer dans un défi similaire?
Il faut énormément se renseigner, que ce soit pour les lois, les coutumes des pays, la météo et surtout sur les frontières et les visas. Il faut également se renseigner auprès du site du Ministère des Affaires Etrangères sur les risques possibles dans chaque pays. Le site Tourdumondiste.com propose également des articles qui apportent beaucoup de réponses aux questions que l’on peut se poser avant de partir.
Pour l’itinéraire, on a utilisé planificateuracontresens.net et on s’est beaucoup renseignés sur les réseaux sociaux et les blogs. Pour l’auto-stop, on utilise l’application Hitchhiking Map qui renseigne les meilleurs points pour faire de l’auto-stop.
Plus généralement, il faut vivre au jour le jour et ne pas trop planifier. Nous par exemple, on discute chaque soir de l’étape du lendemain.
Vous allez chroniquer votre aventure via un podcast. Pourquoi avoir choisi ce support?
Effectivement, pour des raisons de matos nous ne voulions pas nous encombrer de choses trop lourdes. Pour le podcast tu n’as besoin que d’un micro qui fait 300 grammes. De plus, nous trouvons ça plus intéressant d’écouter seulement la voix de personnes interviewées. Voir son visage pendant 20 minutes n’avait aucun intérêt. Le marché du podcast commence réellement à exploser et nous voulions proposer du contenu de voyage (encore peu existant) sur les plateformes de streaming.
On veut casser un peu les codes des récits de voyage traditionnels (photos, vidéo); raconter une histoire plus intimiste.
Parlons un peu technique… Vous avez pesé votre sac avant de partir ? Pouvez-vous détailler rapidement votre équipement pour 6 mois de road trip ? Sur quoi avez-vous fait l’impasse et qu’est ce qui était pour vous essentiel ?
Alors pour le sac, on a vraiment pris l’essentiel. On est parti du principe que nous pourrions laver nos affaires tous les 5 jours. Donc on a pris 5 caleçons et 5 paires de chaussettes. 4 T-shirts ; 2 polaires, une veste un peu chaude, et une parka pour la pluie. Pour nous c’était un peu dur de choisir car nous aurions étions capables de tout emmener “au cas où”.
Pour un voyage de 6 mois comme ça il n’y a pas de “au cas où” qui tienne. L’essentiel c’est la trousse à pharmacie. Un voyage comme celui-là peut avoir une part de dangerosité. Donc on doit prévoir. On voulait également prendre une tente ( la Qaou V4 évidemment) car nous voulions nous réveiller dans des endroits fabuleux et aussi avoir une solution de repli si nous ne trouvions ni d’hôtel ni de personnes pour nous accueillir.
Un petit mot pour la fin, un message à faire passer ?
Lorsque vous préparez un voyage de 6 mois comme celui-ci, vous allez lire beaucoup de choses : du vrai comme du faux. Le plus important est de se fier aux personnes d’expérience et non les “on raconte que”. Par exemple, beaucoup de sites disaient qu’il était impossible de faire du stop au Vietnam. Or, ceux qui l’avaient pratiqué disaient que c’était possible. Effectivement, c’est possible de faire du stop au Vietnam.
Faites-vous votre propre avis et aillez confiance en vous !